mercredi 27 mai 2009

Quelque part

Bientôt, sur un trottoir près de chez vous, une machine à coudre. Elle a déjà été coquette. Ce soir, elle a le caquet bas. Elle craint la pluie, elle craint de quitter son coin de placard douillet, de mourir loin de la maison.

Trimbalée à gauche et à droite à travers la ville, elle vient finit ici, sur le trottoir. Elle ne se donne même pas au plus offrant, elle attend juste d'être ramassée, rafistolée. Elle doit coudre, c'est dans sa nature.

Brisée un jour, jamais réparée. Donnée plutôt qu'être jetée au départ. Elle aura survécu à Eaton.

lundi 25 mai 2009

Une odeur de lilas

Pain de sucre


Par grand soleil, ça crie dans les rues et ça se balance dans le parc. Le salon est dehors. Sur les balcons, sur les trottoirs. Les chars se sont refait une beauté. Ils paradent, suivis par des enfants à vélo et on cherche l'ombre.

Il neige de la poussière de sucre tout en bas de Pie-IX et seul le train n'a pas pris congé. Il faut voir la vue, tout là-haut, vers les tours. L'immensité du fleuve qu'on ne peut qu'imaginer et sentir. Il est partout, loin des yeux. On confond son souffle avec le roulement des locomotives grinçantes. C'est le bout de la ligne, le bout du monde.

Seulement, le vent n'arrête pas.

mercredi 20 mai 2009

mardi 19 mai 2009

L'odeur de la ville

Par grand vent, ça pue la vieille bière et la levure. Ça sent l'usine et la sueur des filets à cheveux. La bière et la levure gonflent les ventres.

Les grosses mains râpées d'un voisin ne lâchent jamais le goulot. Les mains usées de la voisine ne lâchent jamais son ventre plein de promesses. Les petites mains du garçon ne se lassent jamais de flatter les chats pouilleux.

L'ancêtre garde, entre ses doigts arthritiques, ses médailles de communion. Elle lève les yeux au ciel quand un nouveau graffiti apparaît au mur.

Appuyés au mur, les vélos de livraison croulant sous les caisses de vides attendent la prochaine livraison d'oubli.

Blast from the past

Traverser la rue

Le regard des hommes se fait insistant la nuit venue. Les voitures ralentissent subtilement, une tête se tourne vers tout ce qui attend pour traverser la rue.

Certains jours, ils ont de la chance, ces yeux avides. Certains soirs ils se révulsent, puis les mains fouillent pour payer la petite besogne.

Besogne dans les ruelles, besogne dans les voitures. On retrouve des cadavres plastifiés à gauche et à droite, éventrés.

Des bleus sur la peau, des varices qui grouillent le long des jambes maigres, grasses, fatiguées. Une valse se répète jour et nuit, la valse des talons cassés.

Ralentis!

Par ici, les choses vont et viennent. Elles traînent quelques jours puis disparaissent. Ramassées, emportées, jetées. Parfois, elles deviennent transparentes à force d'indifférence. Un jour, une femme s'est assise sur une balançoire et elle s'est effacée. On ne l'a pas cherchée: Hochelaga l'avait prise, entre un manteau de fourrure déchiré et un divan défoncé.

Au matin, les choses ne sont plus là.

C'est l'heure du changement de shift, au dépanneur et au coin de la rue.

C'est l'heure de la marche vers l'école et celle du bus, toujours en retard.

Quelque part entre Viau et Bercy.

lundi 18 mai 2009

Moyens de transport





Portes


Pochoir en balade

Hangars




Charbonnier

Les trous à charbon sont oubliés depuis longtemps. Ils verdissent et ornent les murs dans l'oubli généralisé. Parfois, on leur refait une petite beauté, à défaut de les nourrir.




Passez au salon

Des murs




On naît ici ou on y atterrit.
Ici, au bout du monde, près du fleuve.
Des détraqués près des tracks.
Les ruelles poubelles qui fleurissent.

dimanche 17 mai 2009

Une poupée

On l'a abandonnée sous la pluie. Tout proche de la bouche d'égout, là où l'eau devient torrent. Ses cheveux jaunes détrempés et sales, sa petite robe toute délavée. Elle attendait que ça arrête, elle attendait un parapluie ou une petite main.

Tombée de la poussette, elle a été souillée puis oubliée.

Ce matin, elle n'était plus là, emportée dans la gueule d'un chien enragé.

Sheds












Ruelle



Faire le trottoir

À deux pas de Ste-Catherine, à l'ombre de l'église.

Trois jours qu'elle est là, qu'on la contourne, qu'on la dévisage, qu'on pousse un cri horrifié en la voyant.

À force de traîner par ici, elle est devenue toute molle et flasque, s'est vidée de tout son jus, si elle en a déjà eu.

Transparente, sans fioriture.

Puis, un matin, elle n'est plus là. Quelqu'un est passé pour la ramasser et la mettre à la poubelle, la capote du trottoir d'Aylwin.

La corneille

Il n'a pas regardé avant de traverser la rue, le petit écureuil. Maintenant, il git au milieu de la rue, les entrailles aux vents.

Elle se délecte, la corneille. Tire, sur les viscères, picosse du bec, tire, relève la tête et avale, avale goulument.

À la fenêtre, la chat roux se pourlèche, vert de jalousie.